Le Gardon, ce mauvais voisin…………..

C’est ce que dit un dicton local. Il est vrai que lorsqu’il se met hors de lui, il devient redoutable.

Gardounades ou gardonnades, quel que soit le nom de ces crues ou la prononciation, leurs effets sont les mêmes pour tous les riverains de cette rivière capricieuse. C’est le cas à Sainte Anastasie. Et ses crues sont nombreuses. Heureusement, elles ne sont pas toutes destructrices. Nous avons le souvenir ici de celle de 2002 qui a balayé dans la mémoire celles de 1958 et 1907. Ces dernières restaient comme un record dans l’esprit des gens de Sainte Anastasie. pensez donc, l’eau était arrivée aux marches de l’église de Russan. Mais en 2002, elle l’a envahi………….

Pont de Russan en 2002. Et la décrue est déjà amorcée !! (Photos M. Bourrienne-Montage P. Hurlin)

Les archives : dénombrement, compoix et cadastre

Par des écrits anciens, nous savons que Vardo ou Wardo (Gardon) impressionnait les romains. Vardo signifie “qui est guéable”.

Au moyen âge, les édificateurs du pont St Nicolas de Campagnac connaissaient l’ampleur de ces caprices et surtout sa puissance. Ils ont construit un pont puissant capable de soutenir les assauts de ce torrent impétueux. Mais l’Histoire des hommes va mettre un frein à cette puissance. Le pont, détruit en partie en 1944, va perdre de sa superbe et se retrouve fragilisé face à des événements comme 2002.

Mais revenons un peu en arrière pour faire connaissance avec les excès du Gardon. Il existe quelques traces écrites des crues de cette rivière.

C’est surtout grâce à la périodicité des dénombrement et des mises à jour des compoix (ancêtre du cadastre) que nous connaissons l’ampleur de ces événements climatiques.

Les crues recensées du Gardon :

À la fin du XIIIème siècle, probablement en 1295, une crue va faire disparaître un hameau entier : le hameau de Massillan situé sur le cours du Gardon au nord ouest de la commune. Lors du dénombrement de la sénéchaussée de Nîmes en 1384, ce hameau n’apparaît plus.

Les grandes crues connues recensées sont celles de 1403, 21 septembre 1470 (Le pont du Gard va en souffrir), avril 1533 (qui va détruire quelques moulins dont ceux de St Nicolas), septembre 1551, septembre 1604 (appelée le Déluge), 1652, 1695, août 1739, 15 septembre 1741 (Appelée le Déluge aussi et pour la première fois Gardounade), 1759, 03 octobre 1768, 1790, 1791 et septembre 1795.

On le voit la plupart des crues a lieu en automne.  Et cela continue avec septembre 1815, double crue en 1834.

En 1839, il est recensé 18 crues successives pendant la construction du pont ferroviaire de Ners. 31 octobre 1840, un autre doublé en 1844. Puis septembre 1846, septembre 1857 et 1865. Russan pétitionne pour avoir un barrage. Ce barrage ne restera qu’à l’état de projet.

Les 23 septembre 1890, 22 octobre 1891,  1899 et 30 septembre 1900 le Gardon sort de son lit à nouveau. Les effets sont désastreux sur la concession de la mine d’or de Ste Anastasie. Cela va être une des raisons de l’arrêt de l’exploitation de la concession en 1901.

Le barrage “Napoléon” :

En 1854, il est construit un barrage destiné à capter l’eau en amont du pont St Nicolas de Campagnac pour irriguer une zone cultivable en aval du même pont. Ce barrage dit “Napoléon” ne va résister longtemps après sa construction malgré la “protection” d’une pierre sur laquelle est inscrit : “Gardon, malgré ta force et ta fureur, par ce barrage nous te vaincrons”. Ce barrage a été construit par un particulier et n’est le barrage pour lequel les Russanais ont pétitionné.

Vue du barrage “Napoléon”

 

Le rocher encore visible au pied du barrage avec les inscriptions

La construction du pont de Russan mise à mal :

On enchaîne avec l’automne mémorable de 17 octobre 1907, le pont de Russan est en construction. Cette crue dévastatrice va mettre à mal le chantier. Ce chantier va être retardé de plusieurs mois. Des entreprises vont être contraintes d’abandonner le chantier. Elles seront remplacées par d’autres pour terminer l’édification du pont.

30 septembre 1933, 1951 font partie du palmarès. Puis arrivent 29/30 septembre et 03/04 octobre 1958, 36 morts en Gardonnenque et des dégâts considérables. Le général de Gaulle vient sur place. Deux crues en 1963 : 30/31 octobre et 05/06 novembre.

Les crues continuent : 12 septembre 1976, 1995. Bien sûr 08/09 septembre 2002 et 2004. Ainsi va le Gardon !!!

Quelques statistiques concernant ce capricieux Gardon :

Voici quelques données statistiques concernant les crues et leurs fréquences : 1295/2004

Janvier : 9

Février : 5

Mars : 2

Avril : 2

Mai: 13

Juin : 11

Juillet : 4

Août : 16

Septembre : 54

Octobre : 68

Novembre : 38

Décembre : 21