Mandement, village, hameauà Ste Anastasie

Quelques définitions pour commencer. Ces définitions sont celles qui permettent de classer village ou hameau avant la révolution et le plus simplement possible :

Le village : localité dotée d’une église et d’un curé

Le hameau : localité sans église, petit groupement d’habitats ou écart

Cas particulier : le mandement.

Un mandement, ou châtellenie, est au Moyen Âge, une petite division administrative et/ou économique. Les mandements occupaient un tiers du territoire de la France et sont 10 fois séculaires (Xième siècle). Le mandement est une étendue de terres plus ou moins vaste où sont localisées  diverses localités comprenant hameaux, villages et lieux dits.

Ste Anastasie est un mandement. Son origine remonterait dès la fin du haut moyen âge (941). Le mandement de Ste Anastasie est certainement l’héritier des deux fiscus que l’on retrouve au début du haut moyen âge : Marbaco et Campaniaco. Eux-mêmes, très probablement de Voroangus et Prussanium ou Prussianum. Mais cela est une autre histoire ….. Ce mandement est sous la tutelle de l’évêque d’Uzès coseigneur d’Aubarne. Plus exactement, on devrait dire « mandement de Ste Anastasie et de Seynes ».

Beaucoup d’événements perturbateurs ne facilitent pas la compréhension du fonctionnement de ce mandement particulier. Ce n’est pas un lieu comme les communautés avoisinantes qui sont trois à quatre fois plus petites que Ste A. Ces communautés fonctionnaient suivant un schéma directeur commun qui est difficile à mettre en œuvre pour ce vaste mandement.

 Ce sont les constructions des églises de Vic et de Russan (1682) en remplacement de celle d’Aubarne qui mettent le « feu aux poudres ».

Aubarne est cité comme village en 941 au sein du vaste territoire de Ste Anastasie appelé « domaine de Ste Anastasie » : praedium, fundus, possessio et aussi mandamantum selon les  documents. Son église est connue sous le nom de St Saturnin (St Adournin en langage local). L’édifice a été, à plusieurs reprises, endommagée et réhabilitée. Elle n’est pratiquement plus fréquentée à la fin du XVIème siècle. Les lieux subsistent mais la cloche est délocalisée à Aubarne.

À partir de cette époque, les habitants de Ste Anastasie n’ont de cesse de trouver un lieu de culte. Ils vont se réunir à Aubarne dans des lieux aménagés. Deux à trois demeures vont successivement servir de « chapelle ». C’est dans l’une de ces chapelles que le seigneur évêque logera du personnel pour assurer la gestion des lieux. Cette bâtisse existe toujours et est dénommée la « maison de l’évêque ». Mais les difficultés pour s’y rendre pour les Vicois et Russanais et l’exiguïté des lieux sont telles qu’ils se plaignent à l’évêque d’Uzès Poncet de la Rivière. Ce dernier, lors d’une de ses visites pastorales en 1681 va autoriser la construction de deux églises : l’une à Vic et l’autre à Russan. Dans le même acte, certainement dans un esprit d’   « économie », il va également autoriser la construction d’une chapelle et d’un sanctuaire à Aubarne. Il faudra attendre longtemps pour voir édifier cette chapelle. Malgré les difficultés, elle sera construite par les « aubargnoles » pugnaces et motivés. Elle sera terminée vers 1875.

C’est à Aubarne, malgré son manque d’église, que la maison consulaire a son siège avant la révolution. Le conseil politique tiendra les assemblées sur la place. Elle deviendra mairie après la révolution et le restera jusqu’à la fin du XIXème. Russan prendra le relais à partir de cette époque.

Pour résumer, l’existence de Ste Anastasie n’est pas du à un regroupement de plusieurs villages et hameaux. Il s’agit bien d’un vaste territoire établi depuis le haut moyen âge avec des limites bien précises dans lequel les locus se sont développés.